Frédérique Langue, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de l’histoire des idées au Venezuela, est l'auteur de
Hugo Chávez et le Venezuela, une action politique au pays de Bolívar
(Editions L’Harmattan, 2002).
Le chavisme peut-il survivre à Chávez ?
Il est trop tôt pour le savoir, mais il est sûr qu'il ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Toute la question est précisément aujourd'hui la gestion de cet héritage. Comment le chavisme, ce conglomérat d’idées, d’aspirations, de réalisations mais aussi de mythes, va être récupéré, disputé et réélaboré. La figure de Chávez va être revendiquée par tout le monde. C’est un mythe politique qui se met en place. Ou plutôt qui se consolide, puisqu'il y a eu une dimension mythique chez Chávez dès son son putsch (manqué) de 1992.
Hugo Chávez a désigné son dauphin en la personne de Nicolas Maduro, son vice-président. Sa succession est-elle pour autant assurée ?
Il y a une part d’incertitude, car derrière la façade de consensus, il existe des divisions, entre le gouvernement et l’armée notamment. Ces deux tendances sont incarnées par Nicolas Maduro, fort de ses liens d’amitié et de collaboration de longue date avec Chávez, et par Diosdado Cabello, président de l’Assemblée nationale, issu des rangs militaires, qui est lui le compagnon de route. Le fait que ce dernier n’ait pas participé à la réunion des hauts dirigeants convoquée hier au palais présidentiel à Caracas est un signe. De même qu’il y avait eu absence de consensus pour que Chávez prête malgré tout serment après sa réélection d’octobre 2012.
L’opposition est-elle en mesure de marquer des points lors des élections anticipées ?
Henrique Capriles, battu par Hugo Chávez en octobre, reste le candidat le plus fiable, et le