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Libération
Enquête

Ni fleurs ni couronnes au procès posthume de Sergueï Magnitski

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Le pouvoir russe s’acharne sur l’avocat mort en détention, coupable d’avoir mis au jour une vaste affaire de corruption. Sa famille boycottera les audiences, qui débutent lundi.
Une femme brandissant le portrait de Sergei Magnitsky, le 15 décembre 2012 à Moscou. (Photo Reuters)
publié le 8 mars 2013 à 20h26

«Si je prends part à ce cirque, je deviens complice du crime commis contre mon fils.» Natalia Magnitski regarde sa tasse de thé, les yeux secs d'avoir trop pleuré. Après une audience préliminaire la semaine dernière, le procès pour fraude fiscale contre son fils Sergueï, mort en détention en novembre 2009 à l'âge de 37 ans, s'ouvre réellement lundi. Pour la première fois dans l'histoire judiciaire du pays, un procès à charge est intenté à un mort. Et pour la première fois également, une affaire, classée sans suite pour cause de décès de l'accusé, est rouverte sans la sollicitation de la famille, ni même son aval.

La loi russe permet aux proches d'un défunt, depuis un arrêté de la Cour constitutionnelle de 2011, de saisir la justice en vue d'une réhabilitation posthume si le procès a été interrompu à cause du décès. La famille de Sergueï Magnitski n'a rien demandé de tel. «Le procureur s'est octroyé les prérogatives des proches, ce qui est totalement illégal», explique Robert Zinoviev, avocat du barreau de Moscou. Pour lui, l'intention du parquet est limpide : «Servir les intérêts de ceux qui veulent absolument condamner Magnitski.»

«Vengeance». Natalia Magnitski a ignoré toutes les convocations de l'instruction. «Je n'irai pas au procès», dit-elle d'une voix fatiguée. Les représentants légaux de feu son fils ne se présenteront pas non plus. Pour pallier cette défection, le tribunal Tverskoï a appointé un