Le petit Matveï, un solide gaillard de 4 ans, est planté au milieu de la salle de spectacles et braille une chanson à tue-tête. Au piano, l'éducatrice l'encourage. Matveï est l'un des 94 résidents de la Maison de la petite enfance numéro 1 de la ville de Iaroslav (au nord-est de Moscou), qui accueille des orphelins de la naissance à 5 ans. «Nous nous inquiétons beaucoup pour lui, il est en train d'atteindre l'âge où les enfants sont de moins en moins faciles à placer, confie Nadejda, l'éducatrice, en enveloppant le petit garçon d'un regard tendre. Et, même si nous sommes dans une institution de qualité, aucun confort matériel ne peut remplacer le cocon familial.»
La Maison numéro 1 est vaste et confortable. Le matériel est neuf, les pièces de jeu et de vie spacieuses. Les étagères croulent sous les jouets, les marmots sont propres et bien habillés. Ils ne semblent manquer de rien, sauf de l’essentiel.
Campagne de diabolisation
Le problème des orphelins n'est pas nouveau pour la société russe, mais la question s'est imposée dans le débat public au détour d'une loi votée en décembre. Le texte interdit toute adoption par des Américains, en réponse à la «liste Magnitski», une loi promulguée par le président Barack Obama qui interdit de séjour aux Etats-Unis des responsables russes impliqués dans la mort en prison, en 2009, de l'avocat Sergueï Magnitski (lire Libération de ce week-end). En représailles, le pouvoir de Moscou a donc orchestré une vaste campagne de diabolisa