Il était environ 9 heures, hier matin, lorsqu'Adel Khadri s'est immolé par le feu au pied des marches du théâtre municipal de Tunis, au beau milieu de l'avenue Bourguiba, haut lieu de la révolution de janvier 2011. Cette artère centrale de la capitale est aussi le lieu où travaillait ce vendeur à la sauvette de 27 ans. «Voilà la jeunesse qui vend des cigarettes, voilà le chômage», a-t-il crié avant de s'enflammer. Il a été secouru par les passants, puis transporté à l'hôpital des grands brûlés de Ben Arous. «Ses jours ne sont pas en danger, mais il a des brûlures du troisième degré à la tête et au dos», a indiqué un porte-parole de la protection civile.
«Vies stupides». Originaire de Jendouba, au nord-ouest, Adel Khadri est l'un de ces nombreux «migrants de l'intérieur». Orphelin de père, il était monté à la capitale il y a quelques mois, pour trouver les moyens de vivre et d'aider sa mère et ses trois frères.
Son geste rappelle celui de Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid, qui avait déclenché le soulèvement contre le régime de Ben Ali, il y a à peine plus de deux ans. Il rappelle aussi les difficultés sociales que connaît une large partie de la population, encore aggravées depuis la chute de l’ancien régime.
«On mène des vies stupides ici. On n'a pas d'argent, pas de travail», commente Imed, 29 ans, un diplôme bac + 4 de tourisme en poche. Depuis quatre ans, il vend des bijoux sur l'avenue Bourguiba, ses bras en guis