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tribune

Comprendre le chavisme par-delà les effets déformants du mythe

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Par
Olivier Dabène
Professeur à Science-Po, président de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes (Opalc)
Publié le 12/03/2013 à 19h06

La fièvre de mars 2013 retombée, loin des unes de journaux et des plateaux de télévision où les approximations succèdent aux caricatures, le chavisme s’apprête à devenir un fascinant objet de recherche. Comme le péronisme pour l’Argentine, il sera sans doute à l’origine de la reconstruction des sciences sociales au Venezuela. Les Argentins n’en finissent pas depuis cinquante ans de réinterpréter le péronisme. Les Vénézuéliens débattront longtemps pour trouver les clés de compréhension du tsunami qui a tout emporté de leur vie politique depuis quinze ans. Et, comme les Argentins, il leur faudra lutter contre les effets déformants du mythe qui est déjà en train de naître.

Comprendre le chavisme passera par trois opérations de recherche simples à formuler, mais complexes à mettre en œuvre : historiciser, contextualiser et comparer. Que représente Hugo Chávez dans l'histoire du Venezuela et de l'Amérique latine ? Que doit cette expérience à la conjoncture économique des années 2000 ? Qu'a-t-elle de différent des autres expériences de gauche dans le continent ? Je me limiterai ici à cette dernière question, en m'appuyant sur un livre bilan (la Gauche en Amérique latine, 1998-2012, Presses de Sciences-Po) publié il y a quelques mois.

Personnage complexe, Chávez a alimenté des tendances contradictoires, ce qui explique la polarisation qu’il a suscitée. Au plan politique, il a bien approfondi et dégradé la démocratie. Le développement de pratiques participatives au niveau loc