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Portrait

Argentin mais pas gaucho

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Le nouveau souverain pontife, né à Buenos Aires et d’extraction modeste, est le premier pape jésuite.
L'Argentin Jorge Mario Bergoglio à Buenos Aires le 13 février 2013. (Photo Juan Mabromata. AFP)
par Eric Jozsef, (à Rome) et Mathilde Guillaume, (à Buenos Aires)
publié le 13 mars 2013 à 23h06

Il était l’un des grands oubliés des bookmakers. Avant le conclave son nom avait rarement été cité parmi les outsiders pour départager les grands favoris, en particulier l’archevêque de Milan, Angelo Scola, et le Brésilien apprécié de la Curie, Odilo Pedro Scherer. Pourtant le nouveau pape Jorge Mario Bergoglio, qui a choisi le nom inédit de François, n’en est pas à sa première compétition électorale sous la voûte de la chapelle Sixtine.

En 2005, il avait été le principal rival de Joseph Ratzinger. Selon les révélations d'un cardinal électeur resté anonyme, il aurait au troisième tour recueilli 40 bulletins en sa faveur, concentrant le vote des plus progressistes qui, au départ, avaient porté leurs suffrages sur l'archevêque de Milan, jésuite lui aussi, Carlo Maria Martini. Mais durant la pause du déjeuner au deuxième jour de conclave, le prélat argentin avait invité ses soutiens à cesser de voter pour lui, ouvrant la voie du trône de saint Pierre au théologien allemand. Pour justifier son retrait, il aurait fait savoir qu'il ne se «sentait pas prêt».

Huit ans plus tard, c'est un cardinal de 76 ans qui accède aux palais pontificaux dans une Eglise en pleine crise et un Vatican en plein tourment. Malgré son âge, son élection incarne un tournant pour le catholicisme. François Ier ne brise pas seulement le tabou du premier pape non européen. «Il semble que les cardinaux sont venus me chercher au bout du monde», a-t-il plaisanté hier soir depuis le bal