Habemus pampa. Sept minutes de fumée blanche pour annoncer le 266e pape. Aux premières volutes, la clameur enthousiaste monte de la foule. Malgré un temps de chien, la place Saint-Pierre n'a pas désempli depuis la fin de la matinée. Une longue attente au rituel immuable. Pressentant peut-être le choc, peu de fidèles affichent leurs préférences sur celui qu'ils aimeraient bientôt voir apparaître à la loggia de la basilique. Pieux et obéissants, des prêtres français disent «accepter simplement le pape que l'on va leur donner». Même les Italiens ne s'aventurent pas à plébisciter un pape qui serait venu de la péninsule.
Hallebardes. A 20 h 10, le cardinal français Jean-Louis Tauran, chargé d'annoncer la «gaudium magnum», jette la stupéfaction sur la place Saint-Pierre : c'est le cardinal argentin de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio. Depuis un long moment, les fanfares, prêtes à jouer la sérénade au pape, sont déjà en place. Quelque temps auparavant, la foule a repris en chœur l'hymne italien et applaudit l'arrivée des gardes suisses en grande tenue et armés de leurs hallebardes.
Quand il commence à prononcer la célèbre phrase en latin, la voix de Tauran marque un temps d'arrêt. Il attend que le silence se fasse, conscient sans doute qu'il va provoquer une immense surprise. Au cinquième tour de scrutin, Jorge Mario Bergoglio a été élu. Les commentateurs italiens s'égosillent : «Incredibile !» Ce soir du