Aceux qui l'accablent de reproches sur l'échec de l'ONU à enrayer le conflit syrien, l'ambassadeur français Gérard Araud a coutume de répondre que «les Nations unies, ce sont d'abord des nations et, en l'occurrence, des nations désunies». Dire que l'ONU a failli en Syrie, c'est oublier que l'organisation est d'abord fondée sur le principe de la souveraineté des Etats. Les décisions de l'ONU sont prises par les Etats membres et plus encore par les Quinze qui siègent au Conseil de sécurité parmi lesquels le «club des cinq» (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France), membres permanents détenteurs d'un droit de veto.
Certes, il faut déplorer l’impuissance de la communauté internationale en Syrie. Mais dire que rien n’a été fait est inexact. En deux ans de correspondance au siège des Nations unies, j’ai vu des diplomates qui ont tout fait, tout tenté, pour passer une résolution au Conseil de sécurité. Ils ont échoué. Au moins, l’Europe et la Ligue arabe ont-elles pesé de tout leur poids pour agir sur le conflit syrien. La guerre civile du Sri Lanka de 2009, dont l’ONU estime le bilan à 40 000 morts, n’avait pas suscité tant d’efforts. Le Conseil de sécurité s’était contenté d’un communiqué à la presse.
Sur la Syrie, au contraire, nous avons assisté à un déploiement diplomatique sans précédent. A New York, le Conseil de sécurité s’est réuni formellement treize fois, une dizaine de résolutions ont été rédigées pour des centaines d’heures de négociations. A trois repris