De larges bandes de feutre vert recouvrent le ciment pour rappeler l'herbe d'un jardin perdu. L'eau goutte d'une petite fontaine bricolée et derrière un grillage roucoulent trois pigeons. La famille Aouat a transformé l'une des deux tentes mises à sa disposition en une véranda, se préparant à l'arrivée des beaux jours. «Ce n'est pas facile, mais rapport à ce qui se passe de l'autre côté, c'est le paradis», soupire Wali Hadj, entrepreneur en construction qui, avec toute sa famille, avait fui en juillet 2011 la petite ville de Jisr a Shour, au nord de la Syrie, pour s'installer dans le camp de réfugiés d'Altinözü. La Syrie est à moins de 700 mètres, derrière une colline herbeuse et une rivière gonflée par les pluies de printemps, ce qui complique les entrées clandestines. Quelques dizaines dans ce secteur chaque nuit, ou parfois beaucoup plus quand des bombardements se rapprochent.
«Hauts standards». «Nous pensions que les réfugiés étaient là pour très peu de temps, et nous avons fait l'erreur de construire les premiers camps le plus près possible de la frontière», reconnaît Ali Aslantas, vice-gouverneur du district d'Altinözü en charge de ce camp de 560 tentes pour 2 350 réfugiés. D'autres, comme celui construit ensuite près de Kilis, hébergent 14 000 personnes dans des conteneurs. Plus de 186 000 réfugiés vivent dans 17 camps désormais éparpillés dans le sud de la Turquie. Et il y a au moins autant de Syriens non enregis