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portrait

Basma Khalfaoui, veuve en guerre

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La femme de Chokri Belaïd, opposant de gauche assassiné, reprend le combat pour une Tunisie laïque et féministe.
La veuve de l'opposant Chokri Belaïd, Besma Khalfaoui, lors d'une marche à Tunis, le 16 mars. (Photo Fethi Belaid. AFP)
publié le 14 mars 2013 à 19h06

Voilà qu'on l'appelle «madame Belaïd», elle qui a toujours tenu à garder son nom d'avant le mariage. «J'étais et je reste Basma Khalfaoui», continue-t-elle de préciser, sans insister. Car elle est «fière» aussi de porter le patronyme et de défendre la mémoire de son époux, l'opposant tunisien Chokri Belaïd, assassiné de trois balles le matin du 6 février.

Ça s'est passé là, sur le parking de leur immeuble, dans le quartier de Menzah 6 à Tunis. Un tas de fleurs, maintenant fanées, recouvre toujours l'endroit où le sang a coulé. «Je suis de la race des guerriers», lit-on sur une épitaphe de carton, déchiquetée par la pluie. Un grand drapeau tunisien recouvre le buisson, juste à côté. Les murs sont parsemés de tags noirs qui représentent la figure souriante, épaisse moustache et crâne dégarni du leader défunt.

C'est Wassila, amie intime du couple et camarade du Watad, le parti de gauche radicale qu'animait Belaïd, qui ouvre la porte de l'appartement. Elle est parmi ceux qui se relaient auprès de Basma pour «l'aider à gérer son stress», à «tenir le coup», à s'occuper de ses deux filles, Nayrouz, 8 ans, et Nada, 5 ans, à régler la paperasse, à filtrer les nombreuses sollicitations qui lui parviennent. Qui protègent aussi le peu d'intimité que parvient à se ménager la veuve.

Basma voudrait, quand elle se retrouve seule, pouvoir laisser couler ses larmes. Mais «il y a quelques jours que je ne pleure plus, lâche-t-elle, un peu i