Dans les années 50, il avait fait la leçon à l'un de ses camarades : «Tu es trop sensible. Pour faire de la politique, il faut être dur.» Nul doute que Ieng Sary, décédé hier à l'âge de 87 ans, fut dur. C'était l'un des plus influents dirigeants khmers rouges et l'un des plus retors. Dans la galaxie sanguinaire du régime qui a dirigé le Cambodge entre 1975 et 1979, Ieng Sary était vice-Premier ministre des Affaires étrangères. «Frère numéro 3» était l'homme le plus visible de la secrète Angkar, l'organisation qui a massacré au moins 1,7 million de personnes.
Mao. Il jouissait d'un pouvoir considérable. Mais il l'a toujours nié. Il disparaît sans s'être expliqué devant le tribunal qui le jugeait pour «génocide et crimes contre l'humanité». Ce pouvoir, Ieng Sary le doit d'abord à sa parenté avec Pol Pot, alias Frère numéro 1. Né Kim Trang le 24 octobre 1925 au Sud-Vietnam, il devient le beau-frère de Pol Pot dès les années 50. Ils se croisent dans un meeting anticolonial à Phnom Penh avant d'aller étudier à Paris. Ieng Sary crée le Cercle marxiste-léniniste avant d'adhérer au Parti communiste français en 1952. Il fait partie de ces étudiants influencés par la révolution française et celle de Mao en Chine. «Ils pensent que la libération passe par la révolution et la violence, rappelle l'historien Henri Locard. Au PCF, ils apprennent les techniques d'autocritique et, surtout, l'idée que le parti se renforce en s