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Libération

L’errance d’un peuple aux abois

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Villes et villages du nord du pays se vident ou se remplissent, au gré des combats.
publié le 14 mars 2013 à 21h46

Combien de Syriens vivent encore chez eux ? Combien ont quitté leur maison ? Les chiffres galopants et alarmants des organisations internationales sur les réfugiés arrivés ou qui se pressent aux frontières des pays voisins sont loin de refléter la réalité d’une population nomadisée par ce conflit ravageur. A l’intérieur de la Syrie, des villes et des villages se vident et se remplissent au rythme des affrontements sur le terrain ou des bombardements aériens.

Attablées dans un café du centre d'Amman, en Jordanie, les trois compatriotes de Loubnah, 22 ans, touchent du bois quand la jeune femme leur dit qu'elle n'a jamais été «déplacée». Venue apporter des papiers à son frère ainé qui tient une piste pour émigrer au Canada, elle va retourner dans deux jours chez elle, à Zabadani, un bourg à 50 km à l'ouest de Damas, embrasé depuis plus d'un an par des batailles féroces entre forces loyalistes et Armée syrienne libre (ASL). «Nous habitons le seul quartier protégé à l'extrémité de la ville et mes deux petits frères continuent d'aller à l'école. Mais il est vrai que 90% des 40 000 habitants ont fui», raconte la jeune femme à ses compagnes ébahies. Celles-ci en sont chacune à leur troisième déplacement au moins. Arrivée il y a trois mois en Jordanie, Rima, jeune veuve originaire de Homs, première grande ville à connaître un exode massif, était partie début 2012 avec ses parents et son bébé pour se réfugier chez des proches dans le quartier de Midane, à la périphéri