Epouser l’homme qui a violé sa victime répare-t-il son crime ? A partir de quel âge l’Etat peut-il autoriser une femme à se marier ? Voilà des questions qui se posent de nouveau avec acuité au Maroc. Alors que le royaume est sur le point d’amender un texte de loi particulièrement rétrograde qui permet à un violeur d’éviter la prison s’il épouse sa victime, les députés se déchirent sur le mariage des mineurs et les moyens d’y mettre fin.
Le problème est réel. En 2010, 35 000 mineurs ont été autorisés à se marier, soit 5 000 de plus qu'en 2008, selon des chiffres officiels en forte hausse ces dernières années. Depuis 2004, le nouveau code de la famille interdit pourtant le mariage à toute personne de moins de 18 ans (au lieu de 14 auparavant), mais il donne aussi la possibilité au juge de déroger à cette règle, si besoin. Or, dans un pays où les relations sexuelles avant le mariage sont interdites par la loi et condamnées par la société, les juges - surtout en zone rurale - se retrouvent souvent face à ce choix compliqué : autoriser le mariage d'une mineure ou la condamner à vivre avec le «déshonneur» de la perte de virginité. «Dans certaines régions, nous avons des jeunes filles qui sont mariées à 12 ans, voire 10», s'alarme Jamila Garmoura, militante à la Fédération de la ligue démocratique des droits de la femme (FLDDF). Pour mettre fin au problème et «s'adapter à une réalité», les islamistes du parti au pouvoir Justice et développement (PJD) ont proposé d'