Menu
Libération
TRIBUNE

Irak, dix ans après : les idées fausses finissent souvent dans le sang

Article réservé aux abonnés
par Béligh Nabli et Karim Emile BITAR, Directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris)
publié le 19 mars 2013 à 19h06

Dix années se sont écoulées depuis le déclenchement de l’invasion anglo-américaine de l’Irak. Outre la violation manifeste du droit international par la première puissance mondiale, cette guerre a revêtu une dimension symbolique et idéologique particulièrement prégnante ; elle ne saurait être expliquée par les seuls préceptes de la realpolitik. Résultante directe de représentations culturelles biaisées, cette expédition est venue nourrir les fantasmes et attiser les flammes du «choc des civilisations.»

Pour mémoire, l'invasion fut préparée par une campagne de propagande tous azimuts et par une série de mensonges éhontés : existence d'armes de destruction massive, relations entre Saddam Hussein et Al-Qaeda, uranium yellowcake acheté par Saddam au Niger, menace imminente contre les Etats-Unis… Pis, certains tentèrent de la justifier par des constructions intellectuelles fallacieuses et fondées sur une contradiction ontologique : la démocratie par la force, la démocratie par l'ingérence. En ce sens, la force d'attraction des gisements pétroliers irakiens ne saurait masquer la nature foncièrement idéologique de cette guerre. Le recours à la force brute traduisait l'emprise des néoconservateurs sur l'administration Bush-Cheney et l'adhésion de Tony Blair à leurs préceptes. Dans un contexte post-11 Septembre propice au réflexe vengeur et à la rhétorique manichéenne du «bien contre le mal» le président américain comme le Premier ministre britannique se sont laissés entraîner par une