Dans la nuit du 19 au 20 mars 2003, les Etats-Unis mettaient à exécution leur projet d'invasion de l'Irak. La justification de cette guerre par les néoconservateurs de l'administration Bush, au nom de la promotion de la démocratie et de la croyance dans les vertus de la «paix démocratique» provoquée par le «changement de régime», fut l'une des plus sottes de l'histoire américaine. Les Etats-Unis s'illusionnaient autant dans l'approche d'une paix «imposée par le haut», que sur l'idée d'une démocratisation en dominos qui verrait les pays de la région devenir démocratiques par effet de contagion… sauf à croire que l'invasion de l'Irak soit à l'origine du «printemps arabe», mais il y a là un pas que même les néoconservateurs n'oseraient pas franchir.
Les croisades démocratiques exportées au bout du fusil (quand elles ne servent pas d'alibi pour masquer d'autres motifs d'intervention) réalisent rarement leurs objectifs. Ainsi de 1898 à 2003, seize opérations sur les deux cents interventions américaines menées ont eu pour objectif la «construction de la nation», en aidant ou en forçant un pays à devenir démocratique, et sur ces seize opérations, quatre seulement ont atteint leur objectif (Allemagne, Japon, Grenade, Panama), ce qui fait un taux de réussite de 26 %. Ajoutons que douze furent des interventions unilatérales, dont dix ont échoué, et que quatre furent des opérations multilatérales, dont deux ont réussi (Allemagne, Japon), tandis que le