«J'ai peur de perdre mon argent, mais j'ai surtout peur de perdre mon job, et j'ai peur pour mon pays.» Michalina, une jeune employée de la banque chypriote Laiki, est venue manifester avec ses collègues ce jeudi soir devant le Parlement à Nicosie. Aucun d'entre eux n'a travaillé cette semaine, depuis la fermeture des banques samedi dernier. Une grosse centaine de personnes est là, face à la rangée de policiers qui barre l'accès au bâtiment, où les députés étaient réunis depuis le début de soirée, pour dire «non» à la fermeture de leur banque. Laiki bank («Banque populaire», en grec), c'est la banque devenue maillon faible à Chypre. Celle dont les commerçants n'acceptent plus les chèques ou les cartes, celle devant laquelle on fait la queue pour retirer de l'argent au distributeur.
Deuxième établissement du pays après Bank of Cyprus, Laiki a dû être recapitalisée par l'Etat l'année dernière. Hier mercredi, une fusion des deux banques a été évoquée dans certains médias, puis un rachat par des investisseurs russes. Et ce jeudi, une nouvelle rumeur s’est propagée: cette fois, c’est la fermeture définitive pour la Laiki. La Banque centrale chypriote a démenti dans l’après-midi mais, dans le climat d'angoisse ambiant, les employés n'ont plus confiance. Par SMS et Facebook, ils se sont donné le mot : direction le Parlement. Les pancartes sont cinglantes : «Nous ne serons pas les esclaves de l’Allemagne», «Troïka go home», «Où est la solidarité?» (sous-entendu de l'Europe).