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Libération

Le biopic du jihad

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publié le 22 mars 2013 à 20h26

«Comment un homme dans une caverne peut-il mieux communiquer que la plus puissante société de communication du monde ?» se demandait Richard Holbrooke, diplomate américain émérite, préoccupé par l'influence planétaire d'Al-Qaida et de son chef Ben Laden. Dans Al-Qaida par l'image, la prophétie du martyr, Abdelasiem El Difraoui s'empare de la question et livre une analyse serrée et éclairante de la cosmogonie et des symboles de l'organisation terroriste à travers ses messages vidéo et audio.

Le journaliste et chercheur germano-égyptien a recensé et visionné pas moins de mille messages d'Al-Qaida et en a retenu cinquante. Il montre comment «cette production audiovisuelle devient un instrument de création identitaire». Selon El Difraoui, «Al-Qaida existe en se filmant». Le chercheur démontre que dès ses prémices, Ben Laden et les théoriciens du jihad global ont conçu la propagande vidéo comme un instrument essentiel de leurs combats. En Afghanistan, tout d'abord, creuset du jihad et de son idéologie. Puis avec le 11 Septembre - qualifié par l'auteur «d'image fondatrice, par sa force, sa violence et sa diffusion» -, ensuite en Irak, au Pakistan, au Maghreb, et aujourd'hui au Sahel. El Difraoui montre comment à travers ses vidéos Al-Qaida est parvenu «à s'approprier le grand récit de la défense de l'islam et sa symbolique pour mieux le détourner et créer sa propre mythologie et cosmologie».

L’épée de l’islam et le drapeau noir s