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Libération

Le radis sera rouge

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publié le 22 mars 2013 à 19h06

Cet instantané n’illustre pas du tout un contrôle sanitaire dans la cuisine d’un restaurant asiatique soupçonné de servir des nems au cheval, mais bel et bien une inspection de Kim Jong-il, le bien-aimé (surtout par lui) «cher leader» de la Corée du Nord, arraché à l’affection de son peuple adoré et en larmes, un très triste jour de 2011. Ce qui frappe sur cette archive, c’est la mine chiffon du bienfaiteur des super-prolétaires du monde entier (à condition qu’ils ne fassent jamais grève). Cheveux rares, peut-être réimplantés et sûrement teints, traits étrangement lisses, et torchonnade de fanons à son cou. On dirait Berlusconi en Coréen ou Edith Piaf deux minutes avant la dernière chanson. A moins qu’il ne s’agisse de Yoko Ono, veuve poignante, venant d’apprendre que John Lennon s’est réincarné en radis.

Très rouge, le radis. Ce qui n’étonne guère au pays des mille milliards de sourires de bonheur à voir le rougeoiement des hauts fourneaux qui jour et nuit confondent et fondent (genre, ça te dirait de piquer une tête dans la piscine d’acier en fusion ?) les petits bourgeois impérialistes. Soit à peu près 98% de la population, les 2% restant étant composés de tous les membres de la famille Kim, qui feraient mieux de se numéroter pour qu’on les identifie plutôt que s’affubler de prénoms qui ricochent dans la rallonge indémerdable. Donc attention, c’est ici de Kim Jong-il dont on parle, et pas de Kim Jong-un, actuel dragon piaffant et rondouillard de la République populaire dém