La chasse aux sorcières est ouverte. Les locaux de l'ONG de défense des droits de l'homme Memorial ont été investis, deux jours de suite, par des contrôleurs du fisc, des ministères de la Justice et de l'Intérieur. Ces vérifications groupées - et inédites - s'inscrivent dans le cadre d'une loi entrée en vigueur en novembre. Les ONG recevant des fonds d'autres pays et ayant une «activité politique» sont obligées de se dénoncer comme «agents de l'étranger» en s'inscrivant sur un registre spécial.
«Notre travail est paralysé. Le pouvoir fait pression sur la société. C'est la première fois qu'une ONG est soumise à un contrôle aussi drastique et approfondi. C'est une méthode facile pour trouver des irrégularités et des éléments compromettants», a confié aux journalistes le président de l'association, Arseni Roguinski. Memorial est une organisation historique, gardienne de la mémoire des répressions staliniennes et de la dissidence. Elle dénonce les atteintes aux droits de l'homme en Russie, notamment dans le Caucase, ce qui la place souvent dans le collimateur des autorités.
Le premier escadron des contrôleurs est arrivé jeudi à Memorial accompagné d'une équipe de NTV, une chaîne de télévision proche du pouvoir, connue pour ses sujets de propagande grossièrement ficelés. Les journalistes poursuivaient les collaborateurs de l'ONG dans les couloirs, en répétant inlassablement la même question : «Vous recevez de l'aide financière de l'étranger ?» et