Depuis longtemps, Hodan Ismail, 22 ans, rêve de devenir professeure. En cinquième et dernière année de sciences de l'éducation à l'université de Toronto, cette Canadienne d'origine somalienne est près de toucher au but. «Malheureusement, tout peut s'écrouler, dit-elle. Je risque de ne pas trouver un poste car le métier commence à être saturé ici. Et je devrais alors partir à l'étranger.» Hodan, qui porte un niqab, ne désespère pas encore. A la fac, elle a pris la nouvelle spécialité préparant à enseigner dans des écoles de quartiers difficiles, et elle continue de chercher un poste. «Moi-même immigrée, j'ai dû souvent faire face à des profs qui ne me comprenaient pas, dit-elle. Si je deviens prof, ce sera un plus pour ces élèves, j'y crois.» Mais simultanément, elle regarde les annonces venant de Biélorussie, du Koweït, d'Arabie Saoudite ou encore de Singapour, où l'on cherche des profs, notamment d'anglais.
Très loin de la crise de recrutement qui affecte la France, le métier d’enseignant se porte bien au Canada, l’un des bons élèves des classements internationaux sur l’éducation. Il continue d’attirer les jeunes, dans toutes les matières, tandis que dans l’Hexagone, les maths, les lettres et l’anglais connaissent un déficit quasi chronique. Et les commissions scolaires - l’équivalent de nos académies - qui embauchent les profs, avec les chefs d’établissement, n’ont aucune difficulté à trouver des candidats. Dans l’Ontario, où le gouvernem