La Birmanie est plus que jamais assise sur une poudrière ethnique. A tel point que les dernières émeutes antimusulmanes dans le centre du pays, qui ont fait au minimum 40 morts depuis une semaine, menacent le vaste chantier de réformes tous azimuts dans lequel s’est engagé le pays sous l’égide du président Thein Sein en 2011. Cette nouvelle flambée meurtrière entre bouddhistes et musulmans n’est pas un acte local et isolé. Elle a démarré à Meiktila, une ville de garnison de 100 000 habitants située à mi-distance entre la capitale, Naypyidaw, et Mandalay. Puis elle s’est propagée à quatre autres villes, dont Pegu, au nord de Rangoun. Pour prévenir tout débordement dans l’ancienne capitale, le pouvoir a imposé un minicouvre-feu lundi soir, et déployé des forces de sécurité en nombre. Ces derniers jours, rumeurs et textes antimusulmans y ont fait monté la tension.
Prêches radicaux
«Il ne s'agit pas seulement d'une émeute religieuse ou ethnique, mais bien d'une manipulation orchestrée par des éléments proches des militaires mécontents du Président», avance un expert birman qui souhaite rester anonyme. Les exactions commises ces derniers jours ont souvent le même mode opératoire : des pamphlets et des vidéos sont diffusés à la population et se mêlent à des prêches radicaux de bonzes intégristes. Puis des émeutiers sont amenés en camion pour casser, incendier et chasser les habitants.
A Meiktila, tout a commencé mercredi après une dispute entre un march