Ceux qui l'ont rencontré à Gao, une ville qui sent toujours la poudre, au moment de la libération par les troupes françaises et maliennes courant janvier, sont encore sur leur derrière. L'homme est à la fois maire, hôtelier et bistrotier. Ses six établissements ont été totalement saccagés par le Mujao [Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, ndlr]. Son bagout et son culot sont insurpassables : «Voyez-vous, dit-il en pointant l'index vers le ciel, c'est moi qui ai fait venir les Français pour libérer Gao des jihadistes.»
Il y a une chose qu'on ne peut enlever au maire de Gao : il s'agit d'un immense romancier. «Ma vie est un roman», dit Sadou Diallo en tirant longuement sur une cigarette blonde. Effectivement, il met beaucoup de lui-même dans ses histoires rêvées ou réelles. Son style en tout cas est flamboyant et il assure qu'il n'en «rajoute pas». Sadou Diallo, ou les étrennes des reporters. Ces derniers ne l'ont pas lâché d'une semelle lors de la libération de Gao tant le guide fut terriblement sympathique et tant aussi son comportement a outragé la population. L'imam Issa Abdoulaye brosse de lui un aperçu flatteur : «Sadou Diallo pensait qu'il pouvait gérer la ville comme ses établissements de nuit… Un jour, tout cela finira mal. Nous, imams, avions mis en garde la population contre un tel individu bien avant l'occupation. Mais c'est la démocratie et c'est elle qui l'a élu.» Et l'imam de se désoler d