Il est bientôt 16 heures, mardi, près de la place du 14-Janvier, point de départ de la marche d'ouverture du Forum social mondial de Tunis. Une demi-douzaine de jeunes filles voilées cherchent leur place dans le cortège qui s'apprête à démarrer. Elles sont membres de l'association L'empreinte des jeunes, qui lutte «contre la consommation de drogue et de tabac, qui détruit les bases de notre société», explique Takoua, frêle lycéenne, venue entre autres «donner la vraie image de la Tunisie». Parmi les messages qu'elle veulent délivrer : «Pas de liberté sans union nationale», lit-on sur l'une de leurs banderoles. Un écho au concept d'«unité» cher aux islamistes.
Non loin, les bénévoles de l'association Afek («horizon») ont écrit le même message. Et celui-ci, plus abscons : «Oui au tourisme de la révolution, non aux transgressions impérialistes.» «On est contre les touristes qui viennent sans trop de vêtements, et on est contre les Femen, cette association qui est contre nos traditions», explique celui qui porte la banderole, tandis que, juste derrière, des manifestants scandent des slogans contre Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste Ennahda.
Eparpillés dans le cortège, les islamistes tunisiens ont participé discrètement à la manifestation d’ouverture, sous diverses bannières associatives