Cartographier les violences quelles qu’elles soient n’a jamais été facile, et celles faites aux femmes sont presque impossibles à représenter. Nous avons tout de même tenté de le faire ici (1). Mais les blancs de la carte parlent peut-être davantage que les couleurs des pays recensés par les statistiques. Car celles-ci sont ambiguës, incomplètes, insatisfaisantes. En tout cas, les chiffres font apparaître une réalité humaine dure et brutale : être une femme demande beaucoup de courage.
Les Nations unies fournissent des statistiques raffinées, certes, mais très incomplètes. Environ 90 pays ont livré des données à peu près fiables. Quels sont les grands absents des enquêtes récentes ? La France d’abord, alors que l’on sait qu’une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint (ou ex-conjoint).Les chiffres officiels précis manquent et, s’ils existent, ils ne sont pas transmis aux Nations unies. Même chose pour l’Espagne et beaucoup d’autres Etats de l’Union européenne. Ces silences en disent long sur l’indifférence ou le déni de justice pour des milliers de femmes. Sans doute s’agit-il aussi de masquer un fait gênant, un défaut qui ternit le prestige national, son «progrès social». Ou peut-être cela ne compte-t-il pas, tout simplement.
Bien évidemment, les blancs de la carte sont plus un refus de témoigner, d'enquêter, qu'une absence de problème. Cela concerne une bonne partie de l'Afrique du Nord, à l'exception notable de l'Egypte qui, en acceptant d'af