La déclaration de guerre claironnée par Pyongyang ce week-end n'a pas empêché les amoureux sud-coréens d'apprécier l'arrivée du printemps sur la petite île de Nami, proche de la zone démilitarisée au nord-est de Séoul. «C'est toujours le même refrain. Pourquoi le prendre au sérieux cette fois-ci ?» sourit Mi-ran, 31 ans. Dans la capitale, la vie quotidienne des habitants ne semblait guère plus perturbée cette semaine. Pourtant, le complexe industriel intercoréen de Kaesong, situé en territoire nord-coréen et symbole de la coopération entre les deux pays, a été bloqué par le Nord. «En tant qu'assureur, je dois jauger l'indice de confiance de nos clients. J'ai remarqué qu'ils ne s'inquiétaient pas. Du coup, moi non plus, je ne m'en fais pas», explique Lee Eun-kyeong, 40 ans, employée chez Samsung Assurance. Et quand Pyongyang parle de «transformer Séoul en mer de feu», Yeon-kyeong, étudiante, rit avant d'avouer qu'elle se méfie toutefois plus du leader Kim Jong-un que de son père : «Il est jeune et inexpérimenté. On ne sait pas à quoi s'attendre avec lui.»
Habitude, lassitude et, finalement, peu d'inquiétude : ce flegme ressort dans les enquêtes d'opinion. La population serait bien plus préoccupée par la situation économique que par les joutes verbales avec son voisin. Dans ce pays divisé et théoriquement en guerre depuis soixante-trois ans, les menaces sonnent presque comme une vieille rengaine. «Les Sud-Coréens sont persuadés qu'il n'y