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Libération
Interview

Un pape appelé à réchauffer la messe

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publié le 5 avril 2013 à 19h06

Spécialiste de l’histoire politique et culturelle de l’Amérique latine, Olivier Compagnon (1) analyse les effets possibles de l’avènement d’un pape latino sur le catholicisme en Amérique latine, notamment au Brésil.

Dans ce haut lieu du catholicisme, on note une progression des évangélistes ?

Oui, et particulièrement au Brésil ; c’est là que le phénomène évangélique est le plus rapide et le plus spectaculaire. Jusqu’à la décennie 1950-1960, le continent connaissait un schéma de quasi-monopole catholique (95% de la population). Depuis, on observe un déclin du catholicisme, qui ne fait que s’accélérer. Pas au profit d’une sécularisation comme en Europe, mais au bénéfice des églises évangéliques, que je préfère appeler «églises pentecôtistes».

Pourquoi ?

Chaque célébration est censée répliquer l’effusion de l’Esprit saint, ce qui explique les phénomènes de transe et les manifestations surnaturelles observés lors des cérémonies. Les sociologues les définissent comme des «religions chaudes», extraverties. Le catholicisme médiatise, lui, un rapport de l’individu à la foi tout en retenue et en solennité.

Peut-on les comparer aux églises nord-américaines ?

Elles font partie de la même nébuleuse protestante, mais ce n'est pas une importation des Etats-Unis. Les églises pentecôtistes sud-américaines et brésiliennes en particulier sont des églises endogènes. Les premières sont apparues au début du XXe siècle, elles se sont multipliées depuis les années 60 et connaissent un essor inouï.

Le meilleur exemple en est l'Eglise universelle du royaume de Dieu. Née au Brésil en 1977, elle compte entre 2 et 3