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Libération

Monsieur Cahuzac et la mère des batailles

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publié le 9 avril 2013 à 19h06

Il y a mieux à faire que s’indigner. Face aux mensonges de cet ancien ministre français du Budget et au flot de confirmations de l’ampleur prise par l’évasion fiscale internationale, la colère ne suffit pas. Bien au-delà d’elle, il s’agit de comprendre comment on en est arrivé là, de comprendre pour faire changer les choses. Premier point, les paradis fiscaux ne se sont pas multipliés par hasard. Stable et neutre au cœur d’un continent que déchiraient les guerres et les révolutions, la Confédération helvétique a su depuis longtemps tirer avantage de cette singularité pour ouvrir ses coffres à un argent apeuré qu’attirait son secret bancaire. Mais, si tant de pays ont aujourd’hui suivi son exemple, c’est très largement par un effet pervers de la décolonisation. Avec elle, sont nés une multitude de micro-Etats auxquels leur taille et, souvent, leur insularité n’offraient guère le choix. Ou bien ils ne tablaient que sur leurs plages et végétaient à l’ombre de leurs palmiers, ou bien ils mettaient leurs lois et leur souveraineté au service de capitaux fuyant l’impôt, la justice ou les deux. Chypre est à cet égard un cas d’école mais, de même que cette île a spécifiquement profité des fortunes illégalement constituées lors du passage de la Russie à l’économie de marché, l’incroyable essor des paradis fiscaux s’est fondé sur la libéralisation de l’économie mondiale. C’est le deuxième point. On n’en est plus à l’époque où de riches familles européennes allaient cacher l’héritage de