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Libération
Interview

Débauche d’énergies autour de l’île de Chypre

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publié le 12 avril 2013 à 19h07

Chypre n'est pas seulement au centre d'une tourmente financière, l'île concentre à elle seule de nombreux problèmes non résolus, d'une part avec l'Union européenne, dont elle est membre malgré la persistance de la partition, et d'autre part à cause de sa situation géostratégique à proximité de la Turquie et des côtes libanaises et israéliennes. Enseignant-chercheur en géopolitique, rédacteur en chef de Confluences Méditerranée, et auteur de Proche-Orient, le pouvoir, la terre et l'eau (Presses de Sciences-Po), Pierre Blanc met en évidence des enjeux stratégiques et énergétiques cruciaux.

Comment perçoit-on la question chypriote en Turquie ?

Dans les années 80, Turgut Özal définissait Chypre comme «une île qui perce le milieu de la Turquie tel un poignard». Cette déclaration de l'ex-président turc en dit long des considérations stratégiques en matière de politique chypriote à Ankara. Il avait même ajouté : «Cette île est extrêmement vitale du point de vue de notre sécurité. Elle ne devra donc pas être entre les mains de nos ennemis. L'existence des Turcs dans le Nord est une garantie dans cette direction.» Des propos tenus l'année même où cette partie de l'île, occupée par la Turquie depuis 1974, fut érigée en République turque de Chypre-Nord. Rappelons que la distance la plus courte entre l'île et le continent est de 70 km. Surtout, elle fait face aux ports de Mersin et d'Iskenderun, qui constituent depuis plusieurs siècles des accès essentiels. L'encouragement à la partition avant 1974, l'int