La Chine est l’usine de la planète, et c’est à Shenzhen, première «zone économique spéciale», que tout a commencé. Main-d’œuvre bon marché et capitaux étrangers se sont conjugués pour faire éclore cette cité industrielle de 10 millions d’habitants là où, trente ans auparavant, il n’y avait que des rizières et un poste-frontière conduisant à Hongkong, alors colonie britannique.
Cette ville naguère expérimentale est devenue l'archétype du modèle de production chinois. «Plus on exporte, plus le gouvernement local nous donne des subventions, des avantages fiscaux et des primes», se félicite Li Wenkai, PDG de Zhuowei, une entreprise textile de 800 ouvriers, qui nous reçoit dans son bureau. Mais la hausse constante des salaires ouvriers (de 5 à 20% l'an) est en train d'altérer l'alchimie du «modèle». Des patrons délocalisent vers le Sud-Est asiatique, tandis que d'autres, comme celui de Zhuowei, optent pour l'automatisation. «Les autorités nous donnent une prime de 5% à l'achat de nouvelles machines», souligne Li Wenkai. D'autres encore contraignent leurs ouvriers à faire des heures supplémentaires ou bien paient leur personnel avec des mois de retard afin de s'assurer qu'ils n'iront pas voir ailleurs.
58 heures par semaine
Résultat de cette évolution et de ces pratiques : une contestation ouvrière de plus en plus forte. «Il éclate en moyenne une grève par jour à Shenzhen et leur nombre est en augmentation constante… Peu de gens sont au courant de cette agitation sociale parce que l