Si la presse chinoise a osé publier des reportages aussi choquants sur les «"camps de rééducation par le travail", explique un professeur de journalisme d'une université de Shanghai, c'est bien évidemment que les rédactions ont reçu un feu vert des autorités centrales… Cela ne signifie toutefois en rien, loin de là, que la presse du pays se libéralise». Cet enseignant, qui préfère conserver l'anonymat en raison du caractère épineux du sujet, rapporte que le pouvoir est «divisé jusqu'au sommet de l'Etat et du parti» sur l'opportunité de supprimer ce type d'incarcération extrajudiciaire, qui constitue l'un des bastions les plus symboliques du maoïsme. «Certaines personnes haut placées dans le gouvernement veulent faire avancer l'Etat de droit sur cette question, et abolir le système de "rééducation par le travail"», confirme une source.
Officiellement, il s'agit simplement de «réformer» ce système, comme l'a déclaré en mars le nouveau Premier ministre, Li Keqiang. «Mais c'est une manière diplomatique de s'exprimer qui vise à atténuer les oppositions. En réalité, c'est bel et bien l'abolition qui est à l'ordre du jour», ajoute cette source. Face à une opposition conservatrice représentée par l'ancien chef de la sécurité intérieure Zhou Yongkang, les partisans d'une abolition de ce régime pénal utilisent la presse pour déployer leurs arguments et tenter de bâtir un consensus.
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