Deux enquêtes sur les «camps de rééducation par le travail» publiées coup sur coup ce mois-ci par la presse chinoise mettent en lumière les violences extrêmes dont sont victimes les pensionnaires de ces institutions très spéciales. Ces deux investigations inédites plongent dans le monde obscur des camps réservés aux femmes.
Vagin. Le quotidien anglophone Global Times s'est intéressé à celui de Dalishan, près de Nankin (dans le sud du pays), tandis que le magazine Lens s'est penché sur le camp de Masanjia, près de Shenyang (nord-est). Après avoir suscité les réactions indignées de dizaines de milliers d'internautes, l'enquête sur Masanjia a été censurée sur le web. Yuan Ling, le journaliste de Lens, a rencontré plus d'une dizaine d'anciennes prisonnières. Certains des témoignages, sous forme écrite, ont pu être sortis clandestinement des camps, cachés dans le vagin de victimes libérées.
Les 5 000 détenues de Masanjia travaillent dans des ateliers de couture et de repassage pour le compte d'entreprises extérieures de prêt-à-porter, de dix à quatorze heures par jour, sans recevoir de salaire. Leurs maigres rations alimentaires sont constituées de légumes et de riz, jamais de viandes. Une fois par mois, elles peuvent prendre une douche chaude. Zhu Guiqing, une prisonnière qui se plaignait, a été enfermée pendant plusieurs mois, menottée et les fers aux pieds, dans un cachot spécial, appelé xiaohao (