Loin des flamboyances de la geste humanitaire, le Liban, discrètement, joue un rôle déterminant dans l’accueil des réfugiés syriens qui franchissent la frontière pour trouver asile sur son territoire.
La Syrie est à genoux, déstructurée par un conflit qui l’épuise et détruit méthodiquement ses liens sociaux comme ses grandes villes. Le Liban, pas rancunier d’une longue période de présence syrienne (1978-2000) et d’occupation israélienne, n’en finit pas d’étonner les observateurs humanitaires et d’interpeller leurs pratiques. Un million de Syriens sont présents sur le territoire libanais (soit l’équivalent du quart de sa population !), selon le gouvernement libanais, et parmi eux 400 000 réfugiés sont enregistrés ou en contact avec le HCR en vue de leur enregistrement.
Qui, parmi les donneurs de leçons humanitaires des grandes puissances occidentales, en ferait autant sans broncher, en serrant les dents ?
Déjà le conflit irakien avait conduit à un scénario de «dilution» d’une part importante des réfugiés dans les villes des pays d’accueil, questionnant les acteurs de la solidarité plus familiers des regroupements dans des camps.
Cette fois encore, l’absence de grands camps - dont le principe a été refusé par les autorités libanaises - a conduit les Syriens à se fondre dans la population locale en louant des logements de fortune ou en ayant recours aux solidarités transfrontalières qui lient les deux peuples. Elles existent au-delà des rivalités politiques entre les deux pays nées