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Libération
Forum de Marseille

Egypte. Haro sur les reporters étrangers

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Les incidents se multiplient envers des journalistes soupçonnés d’espionnage.
publié le 18 avril 2013 à 19h06

Rena Netjes, une journaliste de radio néerlandaise, se souviendra longtemps de son reportage sur le chômage des jeunes. Alors qu'elle réalisait des interviews dans un café de Rehab, une ville nouvelle en périphérie du Caire, elle a été prise à partie par des passants l'accusant d'espionnage et «de vouloir imposer les mœurs occidentales». Avant de la livrer à la police. Ne pouvant justifier de sa profession - sa carte de presse était restée chez elle -, Rena Netjes a passé la nuit au commissariat avant d'être relâchée. Dans un pays où la théorie du complot, en particulier celle de la main étrangère, est communément partagée, il n'est pas rare de voir des journalistes pris pour cible.

Vanessa Descouraux, correspondante de Radio France en Egypte depuis sept mois, n’est «pas du tout surprise» par cette arrestation : «Pas un mois ne se passe sans qu’un civil ne me demande mes papiers. Pas un policier en civil, mais un civil, un simple citoyen qui se sent responsable de la sécurité de son quartier ou de sa rue.» Ce climat de paranoïa n’a de cesse d’être alimenté par les pouvoirs publics. Il y a quelques mois, juste avant l’élection présidentielle, un spot télévisé mettait en garde contre les étrangers, potentiellement dangereux pour le pays. On y voyait un homme interrogeant des gens à la terrasse d’un café. Sauf que celui-ci n’était en fait pas un journaliste, mais un espion israélien ; de quoi entretenir la confusion dans les esprits. Sans compter les propos du procureur