Ahmed Moaz al-Khatib a attendu une autre réunion décevante des onze pays occidentaux et arabes réunis dans le groupe dit des «Amis de la Syrie», samedi à Istanbul, pour confirmer sa démission, en suspens depuis un mois. Pour l'opposition syrienne, c'est un coup plus rude que les précédents, car il ne sera pas facile de lui trouver un remplaçant à la tête de la Coalition nationale syrienne, formée en novembre. Son nom était à peine connu des Syriens quand l'ancien prêcheur de la mosquée des Omeyyades de Damas, un géophysicien de 53 ans habitué aux costumes sans cravate, en était devenu le président. Mais, en quelques mois, il a conquis la confiance de la population, toutes communautés et tendances politiques confondues. Les vidéos de ses discours battent des records de «vues» sur YouTube, les pages de soutien sur Facebook se multiplient et rassemblent des dizaines de milliers «d'amis».
Pari audacieux. La popularité de ce descendant d'une grande famille d'oulémas s'est construite en trois actes fondateurs : proposition, démission, dénonciation. Le déclencheur a été son offre spectaculaire, fin janvier, de dialogue avec le régime de Bachar al-Assad à condition qu'il libère tous les prisonniers politiques - qu'Al-Khatib évaluait à plus de 150 000. L'annonce, sur sa page Facebook, a provoqué stupeur et divisions dans les rangs de l'opposition, y compris parmi la coalition qu'il présidait. Mais elle a suscité l'enthousiasme de la popul