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Enrico Letta, pari mesuré d’une Italie déboussolée

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Européen convaincu, le jeune dirigeant démocrate a été nommé président du Conseil, hier. Il n’a d’autre choix que de s’allier avec le parti de Berlusconi.
Enrico Letta, numéro deux du Parti démocrate italien à Rome, le 24 avril 2013. (Photo Alberto Pizzoli. AFP)
par Eric Jozsef, Correspondant à Rome
publié le 24 avril 2013 à 20h56

A la veille de ses 88 ans, Giorgio Napolitano, à peine réélu chef de l'Etat italien, a découvert simultanément l'art de la boxe et le plaisir du sprint. Après avoir frappé comme une mule, lundi, sur la classe politique en dénonçant, lors de son discours d'investiture, ses «carences impardonnables» et sa «surdité» , il a chargé le vice-président du Parti démocrate (PD), Enrico Letta, de former un nouveau gouvernement au bout de seulement vingt-quatre heures de consultations. Deux mois après le scrutin de fin février qui n'a pas permis de dégager de majorité au Sénat, le vieux président de la République a clairement sifflé la fin de la récré et exigé de faire vite. Il a demandé à toutes les forces politiques de faire enfin preuve de responsabilité et de réformer le pays.

Réplique. C'est dans cet esprit qu'il a désigné Enrico Letta, 46 ans, qui affiche une longue expérience ministérielle et une vocation européenne. Pour faire retomber la tension politique et mettre autour de la table gouvernementale la gauche, la droite et le centre, le nom de l'ancien président (socialiste) du Conseil Giuliano Amato semblait pourtant le plus probable. Silvio Berlusconi avait soutenu ce constitutionnaliste qui fut vice-président de la Convention pour l'avenir de l'Europe (en 2002 et 2003) au côté de Valéry Giscard d'Estaing et plusieurs fois ministre. Un cabinet Amato aurait été une sorte de réplique du gouvernement technique de Ma