Longtemps, le Qatar a défini sa politique en creux de celle de l’Arabie saoudite, dont il partage l’idéologie sunnite wahhabite mais qu’il mâtine de panarabisme. Se sentant protégé par son allié américain, il bénéficie d’une certaine marge de manœuvre. Aussi, est-il à l’affût de la marche du monde musulman, cherchant quel bénéfice il peut en tirer des points de vue politique et diplomatique, sans oublier ses motivations commerciales.
Quand surviennent les révolutions arabes, le petit émirat, complexé par sa démographie - 200 000 «nationaux» - et son faible poids sur la scène internationale, pense que son heure est venue en devenant leur champion. Il va donc soutenir les Frères musulmans et sponsoriser les forces islamistes transnationales, contrairement à Riyad, traumatisé par ces révolutions. Grâce à ses réserves gazières, il a les ressources pour les financer. Il a aussi Al-Jezira qui va devenir la caisse de résonance des révoltes arabes tandis que l’incontournable prédicateur Youssef al-Qaradaoui, grâce à des apparitions répétées sur la chaîne, en revendique la paternité.
«Légitimité». «Le Qatar veut mettre à bas les républiques laïques autoritaires arabes et les remplacer par un "real-islamisme", une bourgeoisie islamiste urbanisée, ouverte au business, type Ennahda en Tunisie. Et incarner ainsi le wahhabisme du XXIe siècle. Certes, il achète Gucci mais fait aussi construire à Doha la plus grande mosquée du pays du nom d