Six coups de feu pour un gouvernement d'armistice politique. Alors que le nouveau chef de l'exécutif italien, Enrico Letta, prêtait serment avec son cabinet de large coalition réunissant des démocrates, des centristes et des ministres berlusconiens, un individu isolé a tiré hier matin sur deux carabiniers en faction devant le siège de la présidence du Conseil à Rome. L'homme de 49 ans, armé d'un pistolet, a été immédiatement arrêté. Pour la police italienne, «il s'agirait de l'acte d'un déséquilibré». Mais dans un climat social et politique extrêmement tendu, la fusillade a un temps fait resurgir en Italie le spectre des violences armées des années 70, notamment lorsque le Parti communiste et la Démocratie chrétienne avaient signé un «compromis historique». A sa manière, le nouveau cabinet Letta marque lui aussi un tournant dans l'affrontement qui oppose la gauche et la droite berlusconienne depuis vingt ans. En offrant quelques postes clés au Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi, comme l'Intérieur au dauphin du Cavaliere, Angelino Alfano, Enrico Letta a signé «la première tentative explicite de pacification de l'Italie», soulignait hier Il Corriere della Sera dans un éditorial.
Habile, le numero 2 du Parti démocrate (PD) a réussi un tour d'équilibriste. Il a mis sur pied un cabinet restreint de 21 membres composé de techniciens et de jeunes responsables politiques, pour la plupart sans précédente expérience ministérielle. Les barons d