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portrait

Émile Anon Adohi. Plein de desseins

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Au Venezuela, temple de la chirurgie esthétique, cet entrepreneur franco-ivoirien est le roi de l’importation de prothèses mammaires.
publié le 1er mai 2013 à 19h06
(mis à jour le 1er mai 2013 à 19h06)

«Ça, c’est du 495 CC, un beau modèle !» Emile Anon Adohi évalue la poitrine avenante d’une jeune femme en train de siroter un Coca-Coca light à la terrasse du Rey David, luxueux salon de thé de Los Palos Grandes, un beau quartier de Caracas. Ni ironie ni désir. L’œil est expert, le ton très pro et le jugement commercial. Sous la chair, exposée avec fierté, la prothèse. Et les implants mammaires, le jeune patron de la société Silifrance, qu’il a créée il y a trois ans, ça le connaît. L’an dernier, il en a vendu 14 000 - 7 000 paires de seins, donc - dans un pays spécialisé dans la fabrique des Miss Monde et Univers, où une majorité de femmes rêve d’améliorer sa dotation naturelle. Dans la bonne société vénézuélienne, lorsqu’une jeune fille fête ses 15 ans, il est même fréquent que papa et maman lui offrent son opération en guise de cadeau d’anniversaire ! Alors bien sûr, arpenter les trottoirs caraqueños en compagnie d’Emile Anon Adohi, 40 ans, fait un peu office de tue-l’amour lorsqu’il décide de faire du zèle et d’inspecter «sa» marchandise sur le terrain.

De retour dans ses tout nouveaux locaux nichés au sixième étage de la Torre America, près d'un palace de la capitale, il détaille la gamme de ses produits. Entre un calendrier de carton agrémenté de la photo de ses deux jeunes enfants et une pile de dossiers de «patientes en cours», les prothèses en silicone de toutes tailles, de toutes formes, de toutes consistances se trémoussent au moindre mouvement du