Basé à Cleveland dans l'Ohio, l'avocat Carlos Warner représente onze détenus actuellement au camp de Guantánamo, à qui il rend visite et peut aussi téléphoner épisodiquement. Il suit ainsi la grève de la faim à distance et s'inquiète d'une situation «plus terrible que jamais».
Quelles sont les dernières nouvelles que vous avez de vos clients à Guantánamo ?
Nous comptons toujours 130 grévistes de la faim, comme il y a un mois déjà. Les militaires reconnaissent maintenant qu’il y a plus de 100 grévistes de la faim, parmi lesquels 24 sont nourris de force. C’est le plus grand mouvement depuis la création de Guantánamo, par son ampleur et sa durée. La situation est terrible. L’armée a reconnu que des détenus risquaient de mourir. Après quatre-vingt-cinq jours de grève, il est clair que des vies sont menacées. Il peut y avoir des infections, des pneumonies et aussi des suicides.
Avez-vous vous pu parler dernièrement à vos clients à Guantánamo ?
J’ai pu m’entretenir une heure vendredi au téléphone avec Fayez al-Kandari, un Koweïtien qui y est détenu depuis onze ans, en grève de la faim depuis le 6 février et maintenant nourri de force. Je lui ai dit que j’allais essayer de venir à Guantánamo pour négocier une issue à cette grève. Il m’a répondu que les militaires pourraient aussi bien discuter directement avec eux : nous avons des langues, nous sommes des êtres humains, m’a-t-il dit. Par le passé, les soldats avaient su parler avec les détenus, ce n’est pas le cas cette fois-ci. Actuellement, les militaires ne cherchent même pas à mettre fin à cette grève, ils n’emploient que la force face à des hommes qui sont en trai