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Libération

Lettre d’amour déçu à Angela chérie

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publié le 6 mai 2013 à 19h16

Meine liebe Angela,

Je voudrais que se dissipe enfin cette brume d’incompréhension qui, malgré le répit budgétaire concédé par Bruxelles, estompe les contours de nos amours en velours côtelé, col déboutonné et liquette tirebouchonnée.

Ma France et ton Allemagne se donnent le bras depuis un demi-siècle. Dans le cadre d’une union vaguement démocratique, nous avons inventé un art de vivre en paix qu’il serait idiot de noyer au fond du Rhin.

Tu ne seras jamais ma Loreleï, tu le sais bien, mais n’en prends pas ombrage ! Notre relation est assez ménagère, vaguement potagère, très casanière. Elle est moins tumultueuse que les eaux du grand fleuve où ont sombré ces amantes fatales que je t’ai parfois préférées. Malgré mes manquements répétés, je te sais gré de m’avoir beaucoup pardonné. Et je ne t’en veux pas de ton hygiénisme monétaire, de ta toxicité industrielle ou de ces angoisses liées à ton histoire personnelle et qui te voient paniquer dès qu’on touche à ton porte-monnaie.

Oui, oui, bien sûr, nos familles respectives s'envoient à la tête les assiettes monogrammées et les plats du jour réchauffés au micro-ondes. Mon Président d'un an tout rond parle de «tension amicale» et ses adjoints en déduisent bien vite qu'il faut élaborer une stratégie en adéquation. Mes jeunes chiots de gauche te jappent au mollet en mordillant ton «égoïsme» austéritaire.

Par mesure de rétorsion, tu fais donner les économistes de ton ministère pour me faire honte de mes folies dépensières e