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Libération
Interview

Les utopies impériales de la France

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publié le 10 mai 2013 à 19h06

Marcel Dorigny, chercheur sur l'esclavage et enseignant à Paris-VIII, a publié de nombreux ouvrages sur la colonisation, les mouvements abolitionnistes et indépendantistes. Au lendemain de la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage (lire aussi pages 2-5), il fait le point sur les relations entre esclavage et colonisation, surtout lorsque les théories de la «nouvelle colonisation» ou de «colonisation libre» firent leur apparition, à la fin du XVIIIe siècle.

Les projets d’expédition semblent tous partir de France…

La carte résume l’ampleur et la diversité des ambitions coloniales françaises, portées à leur paroxysme sous Napoléon, alors maître de l’Europe continentale. Des projets hors de portée pour une puissance qui n’a plus le contrôle des mers depuis Trafalgar en 1805 et qui, en 1810, perd la totalité de ses colonies, confisquées par les Anglais.

Comment l'esclavage fut-il remis en question ?

Les premières critiques - non des «abus» du maître sur ses esclaves, mais de la légitimité de la possession d'un être humain par un autre - ne sont apparues qu'au cours du XVIe siècle, chez les penseurs de l'humanisme, tel Montaigne ou Rabelais ; mais elles n'eurent guère d'échos chez les contemporains, car la justification théologique de l'esclavage dominait alors. Ce fut l'essor spectaculaire de la traite négrière et de l'esclavage colonial, au fil du XVIIIe siècle