Menu
Libération
Reportage

A Reyhanli, «les gens maudissent les Syriens»

Article réservé aux abonnés
Les attentats qui ont fait au moins 40 morts, samedi, dans la ville turque entraînent un déchaînement de violence contre les réfugiés.
publié le 12 mai 2013 à 20h26

Aucun Syrien ne met le nez dehors depuis samedi après-midi à Reyhanli. Aussitôt après les attentats qui ont frappé la ville turque à la frontière avec la Syrie (lire ci-contre), le déchaînement de violences contre tout ce qui ressemble à un Syrien a ajouté la terreur au terrorisme. Yasser Badawi venait de conduire son frère au poste-frontière de Bab el-Hawa quand, au retour, sa voiture immatriculée en Syrie a été attaquée à coups de pieds et de bâtons par cinq jeunes Turcs vociférant.

«L'un d'eux m'a mis son poing dans l'œil en m'insultant en arabe avant que je puisse comprendre ce qui se passait, dit ce père d'une famille de quatre enfants, installé depuis six mois à Reyhanli. J'arrivais aux abords de la place de la mairie, où l'une des voitures avait explosé. J'ai aperçu des corps ensanglantés qu'on transportait vers les magasins. J'étais complètement sonné par les sirènes des ambulances et des voitures de police qui arrivaient sur les lieux. Ils m'ont aidé à me dégager de mes agresseurs.» Yasser Badawi est ensuite passé à l'endroit de la deuxième explosion, encore plus meurtrière : «Les magasins étaient éventrés, et les vitres brisées grossissaient le nombre des blessés étalés sur les trottoirs. Les gens maudissaient les Syriens.»

Solidarité. Passages à tabac dans les rues de Reyhanli, courses poursuites contre les voitures immatriculées en Syrie… Même terrés chez eux, les Syriens ne sont pas à l'abri