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Libération
EDITORIAL

Défaitisme

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publié le 13 mai 2013 à 22h06

A priori, les conclusions sont déprimantes. Pour une majorité de Français, d'Espagnols ou de Grecs, l'Europe serait la responsable de tous leurs maux. Jamais la construction européenne n'aurait suscité un tel désenchantement. Pourtant, derrière les sombres résultats publiés par le très sérieux Pew Research Center, il reste plusieurs raisons d'espérer en la solidité de l'édifice. Outre l'inébranlable foi européenne des Allemands, l'euro, cette monnaie ciment de la construction, longtemps vouée aux gémonies par les nationalistes de tout poil, est désormais plébiscitée. Et si le doute gagne à Paris, Madrid, Rome ou Athènes, la confiance en cette Europe claudicante grandit à Moscou, Washington ou Tokyo. Au fond, la crise européenne n'est pas seulement financière. Elle est le résultat d'une profonde déprime, d'une perte de confiance en elle-même, en son histoire et en son destin. Parce que, comme l'écrivait Pascal Bruckner, aujourd'hui, «l'Europe n'est que chagrin».

Devant ce constat, les politiques élaborées à Bruxelles - fussent-elles de relance économique - ne suffiront pas à entretenir un nouveau rêve. Il appartient désormais aux dirigeants de chasser le défaitisme en élaborant enfin une véritable identité européenne, peut-être même un patriotisme. De faire de l’Europe le premier défenseur de la démocratie sur la scène internationale et plus seulement le témoin muet des conflits et des barbaries. L’Europe est une idée d’avenir pour peu qu’elle soit débarrassée des so