Présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Elisabeth Guigou, ex-secrétaire d’Etat aux Affaires européennes sous la présidence de François Mitterrand et ancienne ministre de la Justice dans le gouvernement de Lionel Jospin, analyse l’étude menée par le Pew Research Center dans huit pays de l’Union européenne (France, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, République tchèque, Espagne, Italie et Grèce).
Comment expliquez-vous ce décrochage de l’opinion française sur le projet européen, qui n’est soutenu aujourd’hui que par à peine 41% des personnes interrogées, contre 60% en 2012 ?
Le jugement négatif des Français sur leur situation vient de l’écart qui s’est creusé depuis des années avec l’Allemagne, mais aussi avec d’autres pays européens. Le Président et le gouvernement essaient d’y porter remède, mais il est impossible, en un an, d’arriver à des résultats après une décennie de mauvaises politiques. J’ai également été frappée par le décalage important dans ce sondage entre le jugement négatif des Français sur la politique économique de l’Union européenne et leur appréciation - qui reste très positive - sur l’euro. Cela s’explique, je crois, par le fait que l’euro est perçu comme une grande politique qui a protégé les Européens des contrecoups de la crise mondiale. En revanche, la politique économique ultralibérale de l’Union est sévèrement rejetée.
Que faut-il faire ?
Il faut résorber les déficits et la dette. Cette étude montre qu’une écrasante majorité des Français sont conscients de cet enjeu. Ils comprennent aisément, comme je le vois au quotidien en Seine-Saint-Denis, ce qu’est le surendettement. Par contre, la façon dont l’Union européenne