Le «rêve européen», celui qui promettait au Vieux Continent un avenir meilleur fait de paix et de prospérité, a laissé place au désenchantement. C'est particulièrement le cas dans l'Hexagone, où l'opinion publique sombre, comme jamais, dans l'euroscepticisme. L'enquête du Pew Research Center publiée par Libération montre que la France est le pays où la chute de popularité du projet européen est, en un an, la plus spectaculaire. Le contraste par rapport à l'Allemagne est frappant, l'europhilie y faiblissant à peine (60% d'opinions favorables contre 41% en France). Ce n'est pas vraiment une surprise : plusieurs sondages «Eurobaromètre» avaient déjà pointé ce bond de l'europessimisme gaulois étroitement corrélé au taux de chômage.
Crise par procuration. A un an des élections européennes de mai 2014, cela laisse présager à la fois une forte abstention et une percée des partis opposés à l'Europe. Comment expliquer un tel désenchantement alors que la France subit certes la crise économique, mais plutôt moins violemment que ses partenaires et surtout n'a pas (encore ?) enduré une cure d'austérité équivalente, même de loin, à celles que mènent plusieurs pays de la zone euro ou hors zone euro (Royaume-Uni, pays Baltes) ? De fait, en dépit des coupes destinées à ramener le déficit public sous la barre des 3% de PIB, son niveau de dépenses publiques est désormais l'un des plus élevés du monde occidental.
En réalité, tout se passe comme si le