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Libération
Reportage

La Grèce à cache-cache avec la liste qui fâche

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Publié par un hebdo, un document transmis par Christine Lagarde en 2010 révèle les noms de 2 000 Grecs ayant un compte en Suisse. La classe politique l’ignore, prétextant un risque d’antisémitisme.
Manifestation contre l'austérité devant le Parlement, en novembre à Athènes. (Photo Louisa Gouliamaki. AFP)
publié le 14 mai 2013 à 21h06

Kostas Vaxevanis pratique une activité risquée en Grèce : le journalisme d'investigation. Depuis qu'il a créé, il y a un an, Hot Doc, un magazine spécialisé dans les scandales politico-financiers, il a eu des surprises désagréables : sa rédaction aurait été espionnée par une mystérieuse officine et, début septembre, il a découvert en pleine nuit des intrus rôdant dans son jardin. L'arrivée bruyante de la police, qui s'est d'abord trompée de porte, leur a permis de fuir. Depuis, l'enquête n'a rien donné. Mais un transfuge de l'officine qui espionnait l'hebdomadaire aurait révélé au journaliste que les intrus étaient des tueurs à gages.

«En Grèce, la vie d'un journaliste trop curieux ne pèse pas lourd, d'autant que les grands médias pratiquent l'omertà sur les menaces qui pèsent sur nous, comme sur les scandales que nous révélons», affirme ce quadragénaire taciturne, qui avait fustigé la frilosité de ses confrères dans un célèbre éditorial, audacieusement intitulé «Le silence des testicules». Vaxevanis n'est pas le seul journaliste indépendant à avoir été menacé. Mais parfois c'est la justice elle-même qui sanctionne les révélations gênantes. Deux mois après avoir aperçu des hommes en pleine nuit chez lui, Kostas Vaxevanis s'est ainsi retrouvé en prison. Son tort ? Avoir publié dans Hot Doc les 2 059 noms des fortunes grecques figurant sur la «liste Lagarde».

Patate chaude. Christine Lagarde, aujourd'hui à la tête