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Le Bangladesh, dernier atelier de la misère

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Salaires indignes, syndicats inexistants, le pays est en bout de chaîne des délocalisations. Après les effondrements meurtriers dans l'industrie textile, les ONG espèrent une prise de conscience.
Au Bangladesh, 90% des travailleurs du textile sont des femmes. Ici, à Dacca, dans une usine de la compagnie hongkongaise Goldtex Limited. (Photo Andrew Biraj. Reuters)
par Elodie Cabrera
publié le 14 mai 2013 à 12h56

Le gouvernement bangladais aura attendu la pire catastrophe industrielle de son histoire pour tendre l'oreille aux travailleurs. Ce 24 avril à Dacca, plus de mille ouvriers ont péri dans l'effondrement du Rana Plaza, un immeuble abritant plusieurs ateliers de confection. Lundi, le gouvernement a annoncé une hausse des salaires et une vague d'inspection des usines. Ce mardi, le géant du prêt-à-porter H&M a rejoint un accord pour davantage de sécurité dans les bâtiments.

Champion du tee-shirt super low-cost, deuxième producteur de textile derrière la Chine, le Bangladesh est aujourd'hui l'ultime atelier de la misère. Le secteur de la fabrication y a fait un bond de 9,7% en 2012. Le pays compte 4 500 usines textiles. Après le sinistre, certaines multinationales ont menacé de plier bagages. Mais pour aller où ? Le pays est en bout de chaîne de ce qu'on appelle l'effet domino. L'économiste Olivier Bouba-Olga, auteur de Nouvelle géopolitique du capitalisme, explique le phénomène : «C'est essentiellement dû à la main d'œuvre bon marché à laquelle s'ajoutent les quotas mis en place par l'Europe pour limiter les importations. Les pays visés par ces restrictions, notamment la Chine