Le mois qui vient s’annonce haletant à Téhéran. Après avoir longtemps feint d’hésiter, à quelques instants seulement de la clôture des dépôts de candidatures, Akbar Hachémi Rafsandjani est entré en lice samedi soir, devenant le candidat de toutes les oppositions iraniennes à la présidentielle du 14 juin.
La toute-puissance du Guide suprême, Ali Khamenei, l’homme qui incarne la superstructure religieuse coiffant les institutions politiques de l’Iran, est maintenant défiée par un adversaire de poids, haut dignitaire du régime et bénéficiant de soutiens décisifs jusque dans le clergé. Un modernisateur, partisan d’une ouverture intérieure et extérieure, va rallier les suffrages de tous ceux qu’unit une même volonté d’affaiblir les courants les plus répressifs de la théocratie sur lesquels Khamenei s’appuie depuis quatre ans. Frontale, la bataille s’est ouverte entre ceux, d’une part, qui refusent toute évolution du régime de peur qu’elle n’ouvre la voie à une révolution et ceux, de l’autre, qui veulent des changements, mesurés ou radicaux.
Ce n’est pas seulement le visage de l’Iran qui pourrait en changer. Toute la donne internationale pourrait également en être modifiée puisque la victoire de Rafsandjani n’est nullement exclue et que son élection conduirait l’Iran à infléchir ses positions sur le dossier nucléaire et la crise syrienne, les deux imbroglios les plus menaçants pour la stabilité du Proche-Orient et, donc, du monde.
Pour comprendre ce coup de théâtre, il faut remonter