Elles n’ont pas de noms. Juste une lettre, de A. à F., pour les désigner. Elles ont aujourd’hui entre 16 et 21 ans et, pour la première fois de leur vie, elles ont trouvé une voix.
Le témoignage devant la justice britannique de ces six jeunes filles a permis la condamnation mardi soir de sept hommes pour viols, exploitation sexuelle d’enfants, incitation à la prostitution, tortures et trafic d’êtres humains. Et ce pendant une période de huit ans, de 2004 à leur arrestation en 2012. Les peines de prison - ils risquent jusqu’à vingt ans d’incarcération - seront annoncées par le juge le 26 juin.
Oxford, ville cossue à l’ouest de Londres, célèbre pour son université prestigieuse, a abrité pendant ces longues années ce noir secret. Selon la police, le gang aurait exploité au moins cinquante fillettes ou jeunes adolescentes pendant cette période. La première fois, D. avait 11 ans. Elle a rencontré Mohammed Karrar, alors âgé de 30 ans. Les avances ont commencé avec des compliments, des petits cadeaux. Le premier viol a eu lieu quelques mois plus tard, dans les toilettes d’un bar.
Crochet. Et l'engrenage a démarré. Drogue - il lui injecte régulièrement de l'héroïne -, alcool, celui que D. pense encore être son «boyfriend» utilise tous les moyens pour annihiler sa volonté. Elle est très vite «prêtée» au frère de Mohammed, puis à d'autres amis. Avant d'être «vendue» à des clients, parfois pour plus de 600 livres (710 euros)