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Libération
Reportage

Ben Guerdane, vivier tunisien du jihad en Syrie

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Des dizaines de jeunes de ce village du Sud auraient rejoint la lutte armée. Les parents tentent de s’organiser.
Une habitante de Ben Guerdane montre une photo de son fils aîné, fin avril. Elle pense qu'il a été tué en Syrie. (Photo Anis Mili. Reuters)
publié le 16 mai 2013 à 20h26

Inquiet de voir les jeunes voisins partir un à un, Mahmoud (1) avait pris soin, comme beaucoup de parents à Ben Guerdane, de cacher le passeport de son fils. Ça n'a pas suffi pour empêcher Karim, 20 ans, de filer en douce.«Ils étaient dix au total», raconte le père. Direction la Libye, à quelques kilomètres de cette petite ville du sud tunisien, puis la Turquie, avant de passer en Syrie. Comme des centaines, voire des milliers de jeunes Tunisiens, ils sont partis combattre le régime de Bachar al-Assad, le plus souvent aux côtés des jihadistes du Front al-Nusra.

Juste après la révolution, à l'instar de dizaines de milliers d'autres à l'époque, Karim avait voulu embarquer clandestinement pour l'Europe, mais sa famille l'avait retenu in extremis. Puis le jeune vendeur, qui a «toujours fait ses prières, mais sans plus», selon son père, a peu à peu adopté l'idéologie salafiste, tendance jihadiste. Mahmoud s'élève contre ce jihad qui risque de lui coûter son seul garçon, pilier de la famille selon la tradition.

«Charia». Taoufik n'avait pour sa part «rien vu venir». Cet habitant de Tunis a depuis retracé l'itinéraire de Zied, 22 ans, parti le 6 janvier par l'aéroport de Tunis-Carthage, l'autre voie pour rejoindre le front syrien. Zied a vidé son compte et fait sa valise. Le père, militaire à la retraite, n'a toujours pas compris la transformation rapide de son benjamin. En deux ans, l'étudiant en finances, fan de foot,